Y a t-il vraiment une « bonne » manière de respirer pour chanter?

Faisons preuve de bon sens: si le chant a toujours existé aux quatre coins du monde, peu de gens se soucient de leur respiration à savoir si elle est “bonne ou pas”. Les pionniers du blues ou du gospel issus d’un peuple Noir réduit à l’esclavage ne devaient pas avoir beaucoup de temps pour faire des exercices de respiration. Aucun chant traditionnel, proche ou éloigné de nous, n’incorpore dans son enseignement une correcte façon de respirer.

Qu’importe leur style, d’opéra ou de métal, vous verrez vos artistes chanteurs et chanteuses préférés tout autant hausser leur poitrine que gonfler leur ventre. S’il y a donc bien des types d’inspiration, le cerveau organise la prééminence d’un type sur l’autre, ou de manière simultanée, en fonction de la tâche vocale à effectuer. De sorte qu’on peut en conclure qu’aucun type n’est bon ou mauvais.

Tout cela est géré par notre système nerveux central qui sait beaucoup mieux ce dont nous avons besoin pour la tâche que nous nous apprêtons à faire. Il le fait très bien pour le reste des activités de notre existence, il serait curieux qu’il n’en soit pas de même pour le chant, qu’importe l’esthétique.

Et s’il utilise une manière de faire qui ne semble pas la « bonne », c’est qu’il a ses raisons. En effet, si un blocage a lieu quelque part, notre cerveau s’organise pour y faire face. Aller à l’encontre de cela, c’est l’assurance d’aller dans du forçage vocal.

Enfin, remarquez qu’il n’est question  le plus souvent que du “comment on inspire”. Pourtant, est-ce vraiment cela qui compte? Qu’en est-il de ce qui est fait de cet air, du comment on expire?

Savons-nous vraiment ce que nous faisons? 

Une chercheuse (et prof de chant), Sally Collyer (PhD), a présenté ses nombreux travaux en 2010 lors du Congress of Voice Teacher à Paris dans lesquels elle a notamment étudié les mouvements musculaires et les volumes d’air de chanteuses (en chant lyrique) sur une même tâche vocale. Résultats, chacune des chanteuses a sa propre stratégie respiratoire. Et surtout, aucune ne fait vraiment ce qu’elle pense faire!

De sorte que vous pouvez laisser quelqu’un vous expliquer comment vous devez respirer… Mais n’oubliez pas qu’il ne sait véritablement pas lui-même ce qu’il fait. Et que vous ferez peut-être autre chose que ce qu’il vous invite à faire.

Que vous propose cette formation?

Plutôt que de s’estimer au dessus de l’ingénierie de notre système nerveux qui est l’aboutissement de millions d’années d’évolution, soyons humble: utilisons nos sens, notamment proprioceptifs pour sentir comment nous, en tant qu’individus, nous nous organisons pour respirer, ce qu’il se passe lorsque nous explorons cette fonction sous tous ses angles, dans et en dehors de la phonation. C’est de cette recherche sur nous-même dont nous pourrons tirer bénéfice. Et c’est cela que vous serez invité à faire dans certaines leçons de cette formation, notamment dans le module Fondations.